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Commentaire de Matthieu 6:9-10 (9 / Voici donc comment vous devez prier : Notre Père qui es aux cieux ! Que ton nom soit sanctifié ; 10 / que ton règne vienne ; que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. – Traduction : Louis Segond, 1881), par Roland de Pury, en préambule des rencontres Sur la terre comme au ciel.
« Que ta volonté se fasse » : Quel engagement qu’une telle prière ! Et comment osons-nous la prononcer ? Désirons-nous vraiment de tout notre cœur faire cette volonté, ou bien prononçons-nous des paroles convenues, pour nous dérober ensuite devant la première exigence concrète du Seigneur ? Voulons-nous faire vraiment cette volonté sur la terre et suivre Jésus-Christ, ici et maintenant, ou sommes-nous des comédiens ? Voulons-nous vraiment cette volonté sur la terre et suivre Jésus-Christ, ici et maintenant, ou sommes-nous des comédiens ? Voulons-nous qu'il règne, ici et maintenant, quoi qu'il puisse nous en coûter ? Aujourd'hui comme au jour où il reviendra ? Sur la terre comme au ciel ? Sur la terre, cela ne veut pas dire : le dimanche seulement, cela ne veut pas dire dans les bureaux de bienfaisance et les facultés de théologie. La terre, c'est tout ce qui vit de la terre et tout ce qui se fait sur la terre. La terre, c'est la famille, c'est l'usine, le bureau, le collège, la caserne, la préfecture, le Parlement, et le palais du roi. La terre, c'est toute la vie sociale et politique. Oui, politique, car enfin, la politique ne serait-elle pas de ce monde mais du ciel ou bien appartiendrait-elle à quelque domaine souterrain où n'entrerait pas la volonté de Dieu ? Ici encore est-ce que vous vous rendez compte de ce que cela implique de demander : Que ta volonté se fasse dans la cité terrestre, dans la vie politique nationale et internationale, comme elle se fait dans la cité céleste ? Est-ce que vous comprenez bien qu'une telle prière nous oblige à choisir et à prendre parti dans le conflit qui déchire le monde ? Quand une politique de mensonge et de violence triomphe, il n'est pas possible de dire : « Que ta volonté soit faite sur la terre », sans être de toute sa force et de toute sa pensée contre une telle politique. Je sais bien, qu'à ce moment-là, tous ceux qui se moquent de la volonté de Dieu et qui n'obéissent, eux, qu’à leurs passions politiques, vous accuseront de « faire de la politique ». Mais vous supporterez gaillardement cette accusation et vous répondrez : « Oui, je fais de la politique, si c'est faire de la politique que de vouloir que la volonté de Dieu se fasse sur la terre, de prétendre que Jésus-Christ est le Roi des rois, et pas seulement le Sauveur des gens d'Église ; si c'est faire de la politique d'affirmer que le respect du droit, de la justice et de la vérité passe avant tout ce que l'on baptise : intérêt national, ou nécessité vitale. C’est même dans ce domaine qu’est aujourd'hui la pierre de touche de l'obéissance chrétienne. Il est urgent de le comprendre et que cette prière nous aide à le comprendre enfin. Roland de Pury, Notre Père, Neuchâtel et Paris, Delachaux & Niestlé, 1945, pp. 62 à 65. Prédications de l'automne 1942.
Roland de Pury + Jacqueline (de Montmollin) et Roland de Pury, en 1954. (Photos : DR)
Justes parmi les Nations
Le 13 mai 1976, Yad Vashem a décerné au pasteur Roland de Pury et à Jacqueline, son épouse, le titre de Justes parmi les Nations.
"(...) Des vagues successives de réfugiés, juifs pour la plupart, trouvèrent refuge au domicile du pasteur - père de huit enfants - dans le quartier de la Croix-Rousse. Roland de Pury travaillait la main dans la main avec le Père Pierre Chaillet (q.v.), qui dirigeait "L'Amitié Chrétienne", organisme où des catholiques et des protestants oeuvraient ensemble au sauvetage des Juifs. Roland de Pury, jeune et charismatique, était plein de ressources. Admirable orateur, il galvanisait ses paroissiens et ils acceptaient de donner asile à des réfugiés qu’il avait, dans un premier temps, hébergés sous son toit. Des dizaines de prêtres et de pasteurs de la région lyonnaise le prenaient pour modèle..." (Comité français pour Yad Vashem)
"Après un poste de pasteur dans une paroisse réformée en Vendée, Roland de Pury s'installe en 1938 à Lyon, au temple de la rue Lanterne (église réformée des Terreaux). En 1940, avec son épouse Jacqueline, il prend la tête d'un mouvement de résistance spirituelle et aide les juifs persécutés à quitter la France en direction de la Suisse. Le 14 juillet 1940, Roland de Pury fait une prédication dans laquelle il s'oppose fermement au nazisme, au maréchal Pétain et à la collaboration de l'Ėtat français. Ce prêche, intitulé "Tu ne déroberas point", est très probablement la première action de résistance chrétienne en France. En effet, il faudra attendre septembre 1941 pour que soient élaborées les Thèses de Pomeyrol." (D'après Wikipédia)
Lire la notice très précise des Anonymes, Justes et Persécutés durant la période Nazie dans les communes de France (AJPN) : "Dès octobre 1940, il (Roland de Pury) prit en outre des initiatives de sauvetage avec le concours des mouvements de jeunesse d’inspiration protestante, regroupés dans la CIMADE, pour lesquels il assurait aussi un lien avec la Suisse. De plus, le pasteur offrit sa maison, son temple, sa paroisse pour héberger des membres de la Résistance, des juifs ou des passeurs qui convoyaient des enfants du Chambon vers la Suisse. De Paris, on envoyait aussi au pasteur Roland de Pury et son épouse Jacqueline, des enfants pour qu’ils passent en Suisse..."
Et cette page du Musée virtuel du protestantisme sur "les protestants et la persécution des juifs".